Le problème étant, comme nous le disions en préambule, qu’aucune des épreuves que traversent Hugh Glass n’est mise au service de l’écriture du personnage. À l’inverse de ce que proposait très efficacement Gravity (Alfonso Cuarón, 2013), le périple de Glass ne correspond à aucun cheminement intérieur et n’entraîne pas son évolution. Les obstacles que rencontre le personnage s’avèrent dès lors tous plus gratuits les uns que les autres.
Yep.
En témoigne la réplique insensée que prononce Glass au moment du faux refus d’accomplir sa vengeance, la remettant dans les mains du créateur : « But revenge is in the creator’s hands. » Nous serions prêts à comprendre et à accepter le choix du personnage s’il ne savait pas pertinemment que Fitzgerald allait se faire achever par les Rikarees dans les secondes qui suivent.
Là aussi, c'est assez affolant de voir comment le personnage est sous-écrit. On ne comprend jamais quelles sont ses croyances. Il reprend la phrase du Pawnee ("But revenge is in God's hands") en la changeant. Du coup, on ne sait pas très bien s'il est plutôt chrétien ou s'il a pris la religion des Pawnees. Et dans tous les cas, même sans les Rikaree qui attendaient Fitzgerrald au tournant, sa démarche était particulièrement hypocrite. Quand tu jettes quelqu'un qui s'est pris plusieurs coups de couteau dans un torrent d'eau glaciale, il n'a pas beaucoup de chances de survie... surtout que, contrairement à Glass, il n'a pas été recousu.
À moins que les Rikaree ne soient une sorte de métaphore divine/panthéiste, une incarnation de la Nature à la Spinoza, malmenée par les Occidentaux, aveugle dans ces réactions (les Rikaree massacrent tout le monde sur leur passage sans poser de questions) et que leur envoyer Fitzgerrald revenait à le soumettre à une sorte de jugement divin, jugement qui a condamné Fitzgerrald mais épargner Glass.
Ça expliquerait la logique du bousin, mais ça ne rend pas vraiment le film plus malin.
